Thème de l'édition 2010 - "Corbleur, Marion!"
Morbleur, Corbleur, Marion
(Le mari trompé) interprété par Simon Landry (Cap-Chat)
(Le mari trompé) interprété par Simon Landry (Cap-Chat)
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Où étais-tu hier au soire ? Sambleur !
Où étais-tu hier au soire ? Morbleur ! »
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
J’étais t-à la claire fontaine, Mon Dieu !
Pour y laver mes bas de laine, Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Est-ce que ça prend une semaine, Sambleur !
Pour y laver des bas de laine, Morbleur ! »
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais la fontaine était brouillée, Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Qui avait brouillé la fontaine ? Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce sont les chevaux de la reine, Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Ces cavaliers, j’voudrais les voire. Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ils ont passé le ventre à terre. Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
À qui était la claire épée, Sambleur !
Qu’étais planté’ dans le plancher ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas une claire épée, Mon Dieu !
C’était ma quenouille à filer. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
À qui était cette habit rouge. Sambleur !
Qui était près de la ch’minée ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas un habit rouge, Mon Dieu !
C’était ma jup’ bordée en p’luche. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Quel était donc ce grand homm’ noire. Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas un grand homm’ noire, Sambleur !
C’était votre vieille grand’mère. Morbleur ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Est-ce, dis-moi, que les grand’mères, Sambleur !
Portent un’ grande barbe noire ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
C’était d’avoir mangé des mûres. Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Y a-t-il des pays sur la terre, Sambleur !
Où ya des mûr’s en plein hivere, Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Dedans le jardin, chez mon père, Mon Dieu !
Yen a des vert’s, yen a des mûres. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Va m’en chercher pour que j’en mange ! Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Nous les avons toutes mangées; Mon Dieu !
Avons mangé jusqu’à la branche. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Vous êtes une femme rusée, Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Je ne suis pas une femme rusée Mon Dieu !
Je suis votre femme épousée. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Mets-toi ici genoux en terre. Sambleur !
Que je te tranch’ d’un coup la tête. Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Que votre volonté soit faite ! Mon Dieu !
J’en aurai la conscience nette. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Relève-toi, je te pardonne. Sambleur !
La femme est plus fine que l’homme. Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais bien avant que soit l’automne, Mon Dieu !
Je vous ferai porter des cornes ! Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Répète donc ce que tu dis ! Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais bien avant que tu t’endormes, Mon Dieu !
Je te ferai manger des pommes. Mon Dieu ! »
Où étais-tu hier au soire ? Sambleur !
Où étais-tu hier au soire ? Morbleur ! »
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
J’étais t-à la claire fontaine, Mon Dieu !
Pour y laver mes bas de laine, Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Est-ce que ça prend une semaine, Sambleur !
Pour y laver des bas de laine, Morbleur ! »
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais la fontaine était brouillée, Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Qui avait brouillé la fontaine ? Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce sont les chevaux de la reine, Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Ces cavaliers, j’voudrais les voire. Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ils ont passé le ventre à terre. Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
À qui était la claire épée, Sambleur !
Qu’étais planté’ dans le plancher ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas une claire épée, Mon Dieu !
C’était ma quenouille à filer. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
À qui était cette habit rouge. Sambleur !
Qui était près de la ch’minée ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas un habit rouge, Mon Dieu !
C’était ma jup’ bordée en p’luche. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Quel était donc ce grand homm’ noire. Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Ce n’était pas un grand homm’ noire, Sambleur !
C’était votre vieille grand’mère. Morbleur ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Est-ce, dis-moi, que les grand’mères, Sambleur !
Portent un’ grande barbe noire ? Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
C’était d’avoir mangé des mûres. Mon Dieu ! » bis
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Y a-t-il des pays sur la terre, Sambleur !
Où ya des mûr’s en plein hivere, Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Dedans le jardin, chez mon père, Mon Dieu !
Yen a des vert’s, yen a des mûres. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Va m’en chercher pour que j’en mange ! Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Nous les avons toutes mangées; Mon Dieu !
Avons mangé jusqu’à la branche. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Vous êtes une femme rusée, Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Je ne suis pas une femme rusée Mon Dieu !
Je suis votre femme épousée. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Mets-toi ici genoux en terre. Sambleur !
Que je te tranch’ d’un coup la tête. Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Que votre volonté soit faite ! Mon Dieu !
J’en aurai la conscience nette. Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Relève-toi, je te pardonne. Sambleur !
La femme est plus fine que l’homme. Morbleur !»
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais bien avant que soit l’automne, Mon Dieu !
Je vous ferai porter des cornes ! Mon Dieu ! »
Lui : « Morbleur, Corbleur, Marion !
Répète donc ce que tu dis ! Sambleur ! » bis
Elle : « Ô Jésus ! Mon mari,
Mais bien avant que tu t’endormes, Mon Dieu !
Je te ferai manger des pommes. Mon Dieu ! »

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Le dialogue qui se poursuit entre un lourdaud de mari trompé et sa fine mouche de femme, niant l’évidence avec sérénité, a rendu célèbre dans toute la France la chanson de Corbleur, Marion. La forme des jurons peut varier de province à province et le texte s’enrichir de quelques réparties spirituelles ou les perdre, il s’agit partout d’un même canevas de la chanson. Quand nous aurons dit qu’on l’a recueillie en pays messin (Puymaigre, I, p.265), en Bretagne, Limousin (Rolland, II, p.208), dans les Alpes (Tiersot, p.314), en Provence (Canteloube, I, p.68), dans les Pyrénées (Poueigh, p.446), le Périgord (Trébucq, p.205), le Bas-Quercy (Soleville, p.45), le Maine et les Ardennes (Tarbé, II, p.98), nous aurons parcouru tout notre pays, sans avoir épuisé les sources. Elle remonte au moins au XVIIIe siècle. Au Canada, on l’a noté plus de 12 fois (Barbeau, Alouette, p.140; sœur Ursule, p.287). Nous l’avons transcrite 4 fois, d’Alcide Léveillé (no 1818, en mode ré), de Mme Antoine Lévêque (no 2630, échelle défective sans 6e degré) et des deux chanteurs dont les versions sont ici reproduites. Elles se servent l’une et l’autre du mode de la. La véhémence des apostrophes du mari et la douceur hypocrite des réponses de la femme provoquent de saisissants contrastes; car la chanson est dialoguée. La phrase musicale de forme binaire contient dans les deux cas une exclamation-refrain après les demandes et les réponses du couple. Dans la première version, le rythme, bien que libre, a cependant pu s’écrire avec des alternances de 3/4 et de 2/4. Dans la seconde, le mouvement lent, encore assez libre, en 6/8, apporte une bonne prosodie appuyée sur le temps rythmique. Style lyrico-syllabique.
Référence : D’HARCOURT, Marguerite & Raoûl, Chansons folkloriques françaises au Canada, presses universitaires Laval, Québec, presses universitaire de France, Paris, 1956, p.263-264.
Référence : D’HARCOURT, Marguerite & Raoûl, Chansons folkloriques françaises au Canada, presses universitaires Laval, Québec, presses universitaire de France, Paris, 1956, p.263-264.